10 kilomètres de Bayeux avec Abdel Meftah, Fabien Lebain et Benoît Charpantier et la « théorie de l'absurde »

Publié le par cou-rires

Bayeux, mais qu'est ce ? Une marque de pâté ? Un pot de rillettes ? Que nenni ! Il s'agit d'une grosse bourgade de 14000 habitants, située à 30 kilomètres de Caen. Le lieu est bourré d'histoire. Bayeux est ancré dans la mémoire de la résistance comme première ville Française libérée lors de l'opération « Overlord » en 1944. Elle célèbre Guillaume « le Batard» lors de sa conquête de l'Angleterre (1066) par une immense broderie exposée au centre « Guillaume le Conquérant, cette tapisserie est reconnue depuis 2007« Mémoire du Monde » auprès de l'UNESCO. Le duc de Normandie est devenu roi d'Angleterre, Guillaume est devenu « le Conquérant ».

Les 28e foulées de Bayeux se courront dimanche 18 Mars. Les 10 kilomètres accueilleront, Benoît Charpantier, Fabien Lebain et Abdellatif Meftah.

Le lieu, riche en histoire, sera l'occasion pour le Roi Abdel de reconquérir son trône. Meftah a abandonné son dernier marathon à Lake Biwa (Japon), « il faisait vraiment trop froid », explique-t-il. Meftah reste 2e « performeur » français de la saison derrière Patrick Tambwe (2h07'30'' à Tibériade en Israël). Abdellatif entame sa préparation vers les JO de Londres par les 10 km à Bayeux. Le marathonien va probablement inscrire le marathon de Paris à son programme (plutôt comme lièvre selon nos informations).

Toutefois, Meftah intrigue par ses performances, mais aussi par une situation (sportive, professionnelle et personnelle) précaire.

Les annonces s'enchaînent à un rythme infernal, relayées par une presse avide de sensation, devenue quasi people qui oublie totalement sa vocation première, l'information.

Les épisodes post marathon de Frankfort sont édifiants à cet égard.375069_2538159183967_1553257126_2723623_855739234_n.jpg

Pour rappel ! Abdellatif Meftah termine le marathon de Paris (2h10'53''), sur un chrono de classe européenne, mondiale (excepté pour les kenyans). Légitimement, « le prince du désert » lorgne sur les Jeux Olympiques. La qualification n'est pas encore assurée.

Mais Abdel souhaite ardemment monter un organigramme professionnel autour de lui. Le haut niveau est à ce prix. Une association, « Meftah - Londres 2012 » voit le jour. Une dizaine de personnes oeuvre autour de lui pour améliorer la structure. Plusieurs badauds sourient à l'évocation de cette mise en place. Très rapidement, les sourires se tendent en grimaces approbatives pour les mieux intentionnés et en rictus de souffrance pour les autres.

Un plan d'action en trois phases est élaboré. Le premier pan concerne le suivi sportif et médical, les résultats sont plutôt probants (2h9'46'' à Francfort). Le second est animé autour d'une équipe de communication, un site internet est créé (meftah2012.moonfruit.fr), agrémenté par des sons audios et des films vidéo. Le troisième étage est marketing et commercial, très vite des industriels sont prêts à investir.

C'est à ce moment précis que la trilogie parfaitement orchestrée cède à « la théorie de l'absurde ».

« L'étranger » de Camus, écrit en 1942, illustre parfaitement le cas d'Abdel Meftah. Le héros de l'oeuvre (Meursault) n'arrive pas à comprendre le monde qui l'entoure, les gens et les comportements intéressés, tout ça lui est indifférent.

Cependant, au moment de l'échafaud, Meursault se révolte...Dans « notre cas », au moment où l'argent s'évapore Meftah se rebelle. Il crie devant des journalistes, bien impudiques pour relater les propos : « je suis seul, je n'ai rien. Pas d'argent, pas de travail... » !

« Le procès » de Franz Kafka pourrait expliquer la situation de Meftah. Joseph K est mis en examen, il n'a pas commis de crime, mais la « justice » par la plus grande perfidie de son appareil convainc l'homme de sa culpabilité, car celui-ci ne maîtrise pas toutes les procédures juridiques, ni administratives liées à son affaire.

Pour « l'affaire Meftah », un club a mis en place une stratégie pour récupérer les fonds de l'asso Meftah, l'association, elle-même, doit payer les frais de mutations et le salaire pour l'athlète, l'opération devenant complexe, les investisseurs se sont retirés. Dés lors, quel est le bouc émissaire de l'échec ? Abdellatif Meftah, lui-même ! « Théorie de l'Absurde », vous dis-je...

Et ce n'est pas fini. A la fin du mois, le 27 Mars, Bernard Amsallem, président de la Fédération Française d'Athlétisme, a rendez-vous avec Jean-Claude Boulard (Maire du Mans). Amsallem va solliciter Boulard pour embaucher Meftah. La FFA va demander à une collectivité territoriale de combler ses propres lacunes. Pourquoi pas ? Petite question : A quoi sert la ligue national d'athlétisme professionnel ? A embaucher les millionnaires de l'athlétisme ? Monsieur Amsallem, on attend votre réponse !

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